Au fil de l’évolution, plusieurs espèces de poisson sont devenus maître dans l’art de la construction. Ces créations spectaculaires sont généralement rattachées à des techniques de séduction et de reproduction.
les artistes : Torquigener sp
Ce poisson mesurant une douzaine de centimètres, se sert de ses nageoires et de son corps pour sculpter dans le sable des rosaces pouvant atteindre jusqu’à 2 mètres de diamètre. Mais pour quoi faire ? S’ennuie-t-il au fond des mers ?
A-t-il besoin de développer son côté artistique ? La réponse est évidemment beaucoup plus primaire que cela, il souhaite tout simplement séduire une femelle. Pour cela il crée pendant 7 à 9 jours ces formes géométriques lui servant également, pendant la durée de l’ouvrage de nid. A la suite de ces journées de travail la femelle poisson globe vient inspecter l’œuvre, si celle-ci lui plait elle s’accouple avec le mâle. A la suite de cet accouplement les œufs sont placés au centre de la rosace et protégés par les monts de sable.
Ce phénomène découvert depuis 1995 dans les eaux du japon a longtemps été un mystère pour les chercheurs, aujourd’hui la science a réussi à expliquer la présence de ces formes géométriques au fond des mers mais une question n’a toujours pas été élucidée : comment la femelle fait elle son choix ? Ses critères sont-ils purement pratiques ou requièrent ils un caractère artistique ? En d’autres termes ces poissons peuvent-ils percevoir la beauté ?
Les seigneurs : Les Cichlidés du Malawi
Si l’on vous parle d’une espèce qui construit des châteaux forts de formes et de tailles différentes afin d’intimider l’ennemi et de séduire et vous vous dites mais pourquoi fait on référence à des rois du moyen âge dans un article sur les poissons ?
La réponse est simple, cette technique n’est pas spécifique à nos bon rois, non ! Certains poissons mâles de la famille des Cichlidés construisent leur propre château de sable au fond du lac Malawi en Afrique. Ces constructions se déroulent une à deux fois par an. Les poissons érigent petit à petit leur édifice en aspirant le sable puis en le recrachant sur les fondations.
Des chercheurs ont étudiés ce phénomène et ont découvert que chaque espèce reproduit le même type de château. Au sein d’une même espèce, seules des petites différences de formes et de tailles existent. Fait incroyable, ces différences s’expliquent par le nombre de duels remportés par le mâle. Ainsi plus sa construction diffère, plus il est craint par ses ennemis. Ceci lui confère alors un avantage certain auprès des femelles, le mâle étant moins susceptible d’être attaqué et donc plus enclin à l’accouplement.
les maçons : Opistognathus aurifrons
Ce petit poisson mesurant une dizaine de centimètres et vivant dans les Antilles est une véritable « fourmi » des mers. En effet, bien que vivant en colonie chaque poisson construit son propre terrier en déplaçant le sable à l’aide de sa bouche. Le terrier est très bien aménagé puisqu’il comporte au plus profond un espace de repos où le poisson se réfugie la nuit. Fait surprenant il va même jusqu’à fermer l’entrée de son terrier par un coquillage, en d’autre terme chaque poisson possède son propre appartement comportant une porte et une chambre … le grand luxe !
La journée, il reste au-dessus de son trou et en cas de danger se précipite la queue en avant à l’intérieur de son terrier ce qui explique qu’il se déplace la plupart du temps en position verticale. Cette particularité lui vaut d’être surnommée la marionnette à tête d’or.
A propos de l'auteur
Suzie Châtel intervient ponctuellement dans le projet Fishipedia. Elle est professeur des écoles.